"Moi je te trouve gentille tu sais... écoutes pas les autres, reste comme toi tu es, parce que c'est très bien comme ça"

Notre esprit est comme un vitrail. Varié, coloré, complexe et beau. Il raconte notre vécu et ce qui est à vivre. Il nous raconte.

Le vitrail représentant Charlie, inspire la tranquillité, la patience, l'honnêteté et la sagesse par ses tons bleus, marin et ciel. Une sagesse un peu trompeuse parfois, un calme qui cache un tempérament impulsif, passionné, autoritaire lorsqu'il est poussé à ses limites. Rouge, rendant certaine pièces du puzzle de verre, bien plus mauves que bleues. Et pourtant, cette couleur lavande s'accompagne de mélancolie et de solitude. En effet, dans ces moments où elle est seule, il lui arrive de trop s'acharner sur le passé. Les teintes océanes aboutissent sur un délicat vert, symbole de sa foi en l'espoir lui-même, c'est une notion en laquelle Charlie crois énormément, l'espoir la rassure, l'aide à avancer. Cela lui donne du courage. Ce qui peut la pousser à devenir très têtue dans certaines situations.

Revenant vers le haut du vitrail, du noir, représentatif de la certaine élégance qu'elle dégage, de sa sobriété, de sa rigueur. Mais aussi du deuil qui entache son passé. Parsemé de deux ou trois d'étoiles oranges, dynamiques. On peut également, dans ce puzzle de sentiment, trouver du brun, qui montre la douceur et la neutralité de la jeune fille, elle ne sourit que très peu, lui donnant un petit air froid, mais elle reste quelqu'un de doux et de tolérant. Enfin, discret, mais bel et bien là, du gris qui revient souligner certains des traits déjà évoqués, comme la mélancolie, la solitude, la peur de celle-ci à sa mort, mais aussi la douceur et le calme. C'est également la couleur de la lame qu'elle garde à ses côtés et qu'elle aime manier pour le plaisir du sport. Une belle et fine rapière...

Cette fenêtre colorée, donnant sur l'esprit de la jeune Charlotte Holmes, montre une personne qui a gardé ses goûts d'enfant. La saveur sucrée des pâtisseries, l'harmonie d'une mélodie, la chaleur d'une attention, d'une affection. Mais aussi la peur d'un ciel en colère, du meilleur ami de l'Homme, de la perte des êtres chers ou bien d'être trompé par ceux-ci.

"Tu ne devrais pas cacher tes oreilles, elles sont si jolies et si douces ! Moi je dis que c'est un cadeau de Dieu."

Ainsi est représenté le physique de Charlotte sur cette fenêtre. La posture est droite, fière. La silhouette qui se détache est fine, elle possède une poitrine peu développée, habillée toujours de couleurs marines et de tissus élégants, pleins de dentelles, masculin et féminin à la fois. Toujours posé sur la tête de Charlie, un chapeau. Un haut de forme, un béret, peu importe tant que cela cache ce qui est à cacher.

Les fragments représentants la peau sont pâles, doux et lisse. Le visage est rond et enfantin, une certaine innocence trouve encore sa place dessus parmi la bouche boudeuse, le petit nez, les sourcils un peu épais et les deux grands yeux gris qui donnent tout son charme au minois, bien qu'ils soient en partie dissimulé sous une frange tombante. Pour ponctuer ce visage, un grain de beauté sous chaque œil. La frange et le reste de la chevelure sont bruns, bien que parfois des reflets roux viennent d'y perdre. Les cheveux sont coupés courts, asymétrique avec le côté gauche plus long que le droit et qui tombe sur la frêle épaule de l'adolescente.

Mais ce qui fait la particularité de ce personnage, ce sont les deux choses dépassant de sa tête, toujours cachées sous son couvre-chef. Deux oreilles animales. Oui. Serait-ce le résultat d'une malédiction ? D'une erreur de la nature ? Seul Dieu le sait...
 

"Chère petite... je t'offre ceci, comme ça, je serai sûr de te reconnaître lorsque nous nous reverrons... Ta mère savait bien pourtant...ce qu'il en couterait de me mettre en colère..."


A partir de ce puzzle de couleur, il est possible de raconter l'histoire de la jeune Charlotte.
Une histoire qui commence dans les pleurs d'un enfant. Un enfant qui naît, qui est séparé de ses parents et confié à un inconnu... Un enfant sans nom, dont la mère meurt sans même avoir put le prendre dans ses bras... Un enfant bizarre, né à moitié animal, qui devint une bête de foire, à ses quatre ans, au profit d'un homme misérable qui lui-même avait une famille à nourrir. Les temps sont durs...


Les gens venaient, partaient, observaient cette bête curieuse avec des oreilles de lapin. « Comment cela peut-il exister ? Comment Dieu le permet-il ? » se demandaient-ils sans se soucier de la peur lisible sur le visage de la petite fille, coincée entre les barreaux d'une cage de bois dont le sol était tapis de quelques brins de pailles. Ils l'appelaient « elle », « enfant » ou encore « gamine ». Mais ce petit être frêle n'avait pas même le droit à son propre prénom. Heureusement, ce calvaire ne dura qu'une année.

Mais un jour de décembre, un seize, un couple de noble se présenta devant la cage. La femme était enceinte, pleine de vie, et l'homme le regard plein de pitié pour ce qu'il vit. Après un accord couteux avec l'organisateur de tout ça, ils rachetèrent l'enfant et elle joignit leur famille. Mathilda et Hugue Holmes, duc et duchesse, venaient d'adopter celle qu'ils nommèrent Charlotte Anne Emily Holmes. Quelques mois plus tard, l'harmonie qui s'était crée entre Charlotte et ses nouveaux parents ne devint que plus belle avec l'arrivée du bébé de Mathilda. Une charmante petite fille toute ronde et en bonne santé qui se vit nommer Maddie Juliet Daphnée Holmes.
Une enfance tendre et tranquille lia Charlotte et Maddie, les rendant très proches et complices. Maddie admirait sa grande sœur, lui trouvant toujours les plus belles qualités du monde. Elle avait un caractère très doux et posé... Tout le contraire de son aînée qui aimait enchainer les bêtises. Elles se disputaient aussi parfois, mais cela ne durait jamais longtemps. La réconciliation arrivait vite par quelques embrassades et une histoire racontée sur le lit de l'une ou de l'autre. Le duc et la duchesse regardaient leurs enfants grandir avec fierté et amour, leur donnant tout ce dont elles avaient besoin. Monsieur s'amusait même à leur apprendre à manier une épée comme lui le faisait avec tant d'agilité. Bien sûr, Madame surveillait et les deux petites n'étaient armées que de bâton de bois.

Mais cette famille paisible fut brisée...

Mathilda et Hugue Holmes disparurent dans la nuit, sans laisser autres traces que des marques étranges de lutte et des ombres menaçantes. Charlotte et Maddie, âgées de onze et six ans, se firent abandonner dans les bois par un serviteur avide qui ne visait que l'héritage des deux nobles. Les enfants étaient un obstacle dont il se débarassa sans remords.


L'histoire ne s'arrête pas là.


Les petites filles errèrent dans les bois. La plus grande suivant le plus jeune sur la doctrine suivante dictée par celle-ci « Si tu es perdue dans le noir, il faut suivre les lucioles ! »
Mais il n'y avait aucune lucioles pour guider Maddie et Charlotte... C'est ce qu'elles cherchèrent un long moment avant que la benjamine ne croit voir quelque chose :

« Charlotte ! Regardes ! Des lucioles ! » Et sur ces mots, elle lâcha la main de sa sœur pour disparaître entre les feuillages.
« Maddie ! Maddie attends ! »

Elle se lança à la suite de sa petite sœur en l'appelant... Mais elle ne la trouva pas. Derrière les feuilles il n'y avait rien, pas même un seul des insectes censés être leur guide. Rien. Maddie avait disparut sans un bruit. Charlotte chercha des heures et des heures durant, sans résultats. Les ombres, les mêmes que pour ses parents... Les ombres lui avaient pris Maddie. L'enfant lapine se laissa tomber à terre, recroquevillée, elle pleura longuement, seule, dans le froid et la nuit.
Au petit matin, alors que le soleil ne faisait que pointer le bout de son nez, Charlotte leva ses yeux embrumés de larmes vers la cime des arbres. Elle s'aperçut alors que quelques lucioles voletaient paresseusement au dessus d'elle. Désespérée, elle se leva, tremblante, et les suivit. Elle marcha puis courut à en perdre haleine. Ses pas précipités la conduirent, non pas jusqu'à sa sœur comme elle l'espérait, mais jusqu'à un petit manoir ou une vieille dame admirait ses plants de glycines. Quelle ne fut pas sa surprise en voyant l'enfant exténuée se présenter devant elle !


Charlotte ne lui dit rien de sa mésaventure, restant muette pendant plusieurs jours où cette dame, du nom de Gladis Oaken, pris grand soin d'elle. Elle accepta la nature de l'enfant malgré sa particularité.


Les jours se changèrent en mois puis en années. Le petite maintenant âgée de quinze ans, vit encore chez cette adorable bourgeoise qui la considère comme sa propre fille. Elles vivent toutes les deux, bien que, parfois le fils cadet de Gladis vient leur rendre visite. Un homme bien qui aida Charlotte à reprendre les bases de l'escrime pendant que, telle une mère, la vieille femme rassure lors des terreurs nocturnes et des cauchemars... Un soutien des plus important qui aida grandement l'hybride à se reconstruire.


Cette demoiselle a bien changé au cour de ces floraisons... Ses longs cheveux sont tombés, tout comme plusieurs lettres de son prénom qu'elle ne donne que rarement en entier. Charlie... Récupérer sa place dans le domaine de la famille Holmes ne l'intéresse pas, elle est heureuse comme elle est. Elle apprend, curieuse elle lit beaucoup et s'essaie parfois à l'écriture... Mais elle ne peut rien imaginer sans que l'image des lucioles ne lui reviennent en mémoire.

« Suis les lucioles Charlie... Suis les lucioles... »