Il nous arrive souvent de rencontrer des instants dans notre vie où nos sentiments viennent à s'opposer. Cette contradiction presque évidente entre deux, pourtant, vient à se marier à la perfection. Et c'est alors qu'on peut savourer pleinement cette émotion nouvelle.
“Whoah. C'est terrible. On ne voit pas ça tous les jours.”
Les sentiments qu'éprouvait en effet Michael était très différents. Il n'arrivait pas à mettre un point fixe entre les deux. Il était à la fois révulsé par ce qu'il voyait, mais aussi très attiré. Il avait l'impression d'être un de ses pervers qui surfait sur le net en quête d'émotion forte. Ce qui le faisait vibrer était pourtant bel et bien sur l'écran de téléphone qui tenait dans ses mains. Accoudé sur le comptoir de ce grand hotel, l'employé en face de lui venait à hocher la tête, pour confirmait ses propos. Une chance pour Michael, ses réactions n'avaient pas été décrypté. Le commun des mortels avaient l'habitude de prendre tout au mot. Sur le mobile, la femme continuait à se faire éventrer par l'homme cagoulé. Michael savait. Cette vidéo était vraie. Elle n'avait pas été trafiquée. Ni même joué par des acteurs. Cette femme se faisait réellement tuer. Ses pupilles commençaient à se dilater.
“Cet homme est un malade. Et le pire, c'est qu'il est introuvable.”
Se rendant compte qu'il regardait sans doute d'un trop grand intérêt la vidéo, il rendit le téléphone à son propriétaire en mimant une grimace de dégoût. Une paire de talons aiguilles se fit remarquer dans le hall. Une femme passa derrière Michael pour sortir de l'hôtel. Les deux hommes regardèrent en même temps cette femme. L'un avec dégoût, l'autre envie.
“Quand je pense que cette nana pourrait être la prochaine.”
Michael ne pensait pas qu'il s'en préoccupait réellement. Cet homme n'était pas sympathique, il aurait juste été déçu de savoir que personne ne réglerait la chambre à la place de cette femme si sa vie serait achevée dans la nuit. L'hôtelier vint se pencher pour prendre une carte magnétique, et la tendre à son nouveau client.
“Il ne s'attaque qu'aux femmes, vraiment ?”
Michael récupéra le pass, avant de prendre son sac sur le sol, et le reposer sur ses épaules. Il voulait savoir ce que l'opinion publique savait de ce meurtrier. C'était d'une importance capitale pour lui. Viscérale même.
“C'est en tout cas ce que ce tordu dit à ses fans sur la toile.”
Michael fit semblant d'être ahuri.
“Non. Sérieux. Des fans ?”
Bien sur que cet homme avait des fans. Dont même des qui pensaient toujours que c'était un fake. Il n'en était pas étonné le moins du monde. Quelque part, il admirait aussi le travail.
“Soi-disant ce mec est un artiste... ce qu'il faut pas entendre de nos jours !”
Cela n'était pas sans piquer Michael au vif. Lui même trouvait qu'il y avait une dimension plutôt artistique. Mettre ça sur internet, promettre d'autres meurtres, changer d'ip à chaque fois sans que la police n'arrive à avoir d'info. C'était un pro. Pensif, il se demandait si lui aussi ...
“La chambre est la 5. C'est écrit sur votre pass. J'espère que votre retour à Londres ne vous dégoutera pas trop, avec ce qu'il se passe.”
Michael vint sourire.
“Mon séjour prolongé aux Etats Unis va me manquer, c'est sûr. Mais c'est bon de rentrer à la maison. Et j'ai ... beaucoup de travail qui m'attends.”
Il était certain que le travail l'attendait. Avec ce qu'il venait d'apprendre, Londres avait plus que jamais besoin de lui. Il était temps qu'il s'y remette. Il savait qu'il n'attendait que cela. Et cette vidéo lui avait mis l'eau à la bouche.
“Bon courage alors!”
L'employé n'était pas conscient de la vraie nature de ce travail. Et il était bien chanceux pour cela.
Michael se dirigea nonchalamment vers les ascenseurs, attendant pour le sien. Il regarda de droite à gauche. Les clients de l'hôtel semblait tous parler de la même chose. JackTR. Ce pseudo semblait avoir semé la terreur depuis un mois. Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent. Il s'y engouffra, se retrouvant seul. Il appuya sur le bouton, et les portes se refermirent.
Il garda se regard porté vers l'affichage ds niveaux, avant de tourner la tête instinctivement. Il sursauta en jurant.
“Putain ! Zelus ! Tu pourrais prévenir avant de faire ça !”
Zelus, plus petit que lui, à ses côtés, le regardait inquiet.
“Je t'avais dis de ne pas rentrer, pourquoi on est revenu ? J'aime pas Londres ... je ne veux pas.”
Ses yeux en disait long sur l'angoisse et la terreur qu'il éprouvait d'être à nouveau ici. Michael ne le savait que trop bien, pour avoir vécu un vol tout à fait horrible de 7h à ses côtés. Il n'avait pourtant d'autre choix que de l'avoir à jamais à ses côtés. Il était trop tard à présent.
“C'est trop tard, abruti. On y est.”
La porte de l'ascenseur s'ouvrit, avant que Michael ne s'élance vers le couloir. Il chercha la porte numéro 5, alors que Zelus se collait à lui, regardant de toute part comme s'il avait peur d'être agressé. Ils croisèrent une femme de ménage, que Michael salua poliment. Zelus cracha sur elle sans qu'elle n'eu aucune réaction. Michael leva les yeux au ciel, avant d'ouvrir la porte de sa chambre avec le pass. Il referma aussi sec cette porte au nez de Zelus.
Soupirant, Michael se tourna alors pour observer plus en détail sa chambre. Mais Zelus se trouvait à nouveau devant lui, les bras croisés.
“C'était malpoli de faire ça.”
Michael haussa les épaules. Comme si cracher sur une bonne femme était une chose polie à faire. Enfin, l'avait-il seulement fait, en réalité. Il s'avança pour regarder la pièce. Elle était plutôt luxueuse, et dans les tons rouges. Cosy. Zelus se posta devant lui en agitant les bras.
“Pourquoi on est parti de l'Alaska ? Moi j'aimais bien. C'était isolé. Et je pouvais manger les entrailles des animaux que tu vidais.”
Un sourire malsain se fixait sur son visage, pendant que Michael l'écarta de son chemin, dégoûté par ce fait.
“Tu allais devenir riche ! Mais tu as tout dépensé pour rentrer et te payer une chambre premium dans un hotel. C'est pathétique.”
Michael déposa son sac au pied du lit, avant de se tourner vers l'angelot, le pointant du doigt, excédé.
“Hey ! Je me suis gelée les couilles pendant 364 jours voire plus ! Le seul boulot que j'avais c'était gratter la terre avec ces maudites machines pour trouver des cailloux dorés, alors non merci mec. J'ai assez donné. Et tu sais quel est le boulot qu'il me faut réellement”
Michael s'approcha du sofa pour se laisser tomber dessus. Zelus le suivit, se penchant au dessus de lui.
“C’est pas comme si Londres était très pluvieux c’est vrai.”
Zelus devenait de plus en plus sarcastique. Il faisait une moue horrible à son adresse, et Michael était forcé de constater que fermer les yeux n’aurait rien arrangé du tout dans cette histoire. Il se redressa, se tenant la main un instant.
“Pourquoi tu me fais ça ? Me stalker comme si j’étais devenu un sale schizophrène.”
Zelus le regarda, mais ne semblait pas répondre. Il semblait même prendre une mine sérieuse et abattue. Michael commença à craindre l’évidence.
“Je le suis?”
L’angelot s’empressa de sourire et pencher la tête, avant de la secouer.
“Non, bien sûr que tu ne l’es pas non, tu n’es pas fou.”
“Alors casse-toi.”
Zelus sembla choqué. Il commençait à respirer de plus en plus vite, comme dans une crise. Michael lui fit un geste de la main pour lui dire de partir.
“Ouste.”
Bien que Zelus avait sans doute déjà compris, il restait sur place, les larmes apparaissant sur le bord des yeux. Hors de lui, il avait l’air cette fois réellement agacé.
“Tu sais très bien pourquoi je veux pas être ici !”
“Tu as peur, c’est tout ce que je sais. Mais je veux savoir pourquoi.”
Le teint de Zelus devint aussitôt livide à cette requête. Il semblait très hésitant, regardant ailleurs, surement pesant le pour et le contre.
“Très bien, je vais te dire.”
C’était la première fois que Michael le voyait céder à l’une de ses demandes. C’était un moment à ne pas rater pour lui. Enfin, il allait savoir ce que Zelus lui cachait. Il saurait enfin la vérité. Il se pencha vers lui, attentif. Avant que l’ange ne montre un visage apeuré en regardant derrière lui. Il pointa vivement quelque chose du doigt.
“Il est là !”
Michael se tourna aussitôt derrière lui, sur la défensive. Mais il n’y avait rien. De peur de comprendre le manège, il se retourna pour regarder Zelus à nouveau. Mais il avait tout bonnement disparu.
“Mais quel gamin…”
Soupirant une nouvelle fois, Michael renonça à en savoir plus pour le moment. Après tout, Zelus était parti de son champ de vision, il n’allait pas s’en plaindre. Michael se leva, avant de venir chercher son téléphone dans son sac. Sur internet, il tapa le nom de JackTR pour lire les articles parlant de l’évènement du moment.
Alors qu’il parcourait une interview du chef de Scotland Yard, il entendit des bruits provenir du rez-de-chaussé. Comme une élévation de voix. Le seul mot qu’il distingua était “police”. Michael intrigué tendit un instant l’oreille: l’ascenseur se remettait en route. Son téléphone sonna. Une notification sur l’écran : un sms provenant de Zelus. “COURS”.
Michael se leva d’un bond pour rejoindre la porte de sa chambre, et l’ouvrit. Des bruits de pas s’approchait vers lui. Il n’eut le temps que de voir un homme chauve en costume une arme à feu pointée sur lui, avant qu’il n’entende une détonation. Il se recula en réflexe en verrouillant la porte. La balle s’était logé dans l’encadrement. Michael se hâta de récupérer son sac, avant de rejoindre la fenêtre. Il n’était qu’au premier étage, la chute ne serait pas fatale. Le haut-vent de l’entrée pourrait lui servir d’amortisseur. Un nouveau coup de feu fut tiré sur la serrure de la porte. Michael sauta. Mais au lieu de le faire rebondir, la toile se déchira et il tomba sur le sol.
Les clients amassés devant l'hôtel expriment tous leur horreur en voyant cet homme tomber. Et ils furent tous étonnés de voir cet homme se relever aussitôt après et se mettre à courir. Une balle fusa à travers la foule, avant que tout le monde n’ait le réflexe de se mettre à terre.
Michael, seul resté debout, n’hésita pas une seule seconde pour voler une moto à son propriétaire, qui déconcerté par la situation ne savait pas s’il devait crier au voleur ou non. Michael était déjà loin quand l’homme au costume se mettait à courir pour le rattraper.
Roulant à une vitesse folle pour s’éloigner le plus possible, Michael rattrapa une avenue au trafic plus dense. Alors qu’il zigzaguait de plus en plus dangereusement, un taxi le percuta de plein fouet.
Michael fut délogé du véhicule, et roula sur le sol avec des débris. Encore conscient, il commença à saigner de la tête, qui n’avait pas été protégé par un casque, et sentit ses poumons qui s’étaient comprimés. Au dessus de lui, Zelus paniqué comme jamais.
“Vite! Lève toi ! Vite ! Zachariah va revenir, il va te tuer !!”
Incapable de parler, il détourna la tête, avant de voir un homme en grand manteau noir s’approcher de lui.
“Appelez le 999.”
Ce fut les derniers mots qu’entendit Michael avant de s’évanouir.
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