Vendredi 13 octobre. La journée venait de commencer et tout était tranquille dans le quartier des shinigamis. On entendait le tac-tac des machines à écrire et le bruit sourd de la photocopieuse, signe que chacun était à sa place. La grande machine des shinigamis était en route et rien ni personne n’allait l’empêcher d’effectuer ses heures supplémentaires.

« COMMENT ?!! IL A FAIT QUOI ?!! »


Un tas de papier s’écroula et voleta doucement vers le sol, aussitôt piétiné par un haut talon de quinze centimètres. Les secrétaires s’observèrent du coin de l’œil et se ratatinèrent. Finalement la journée n’allait pas être si paisible que cela. Au bout du talon, une grande jambe, fine et élégante délicatement moulée dans un pantalon de cuir noir. Si vous levez encore les yeux vous trouverez une longue chevelure rouge (et non rousse !!) et deux yeux verts brillants qui haussèrent un sourcil à l’entente du cri.

« NON MAIS QU
EL CRETIN ! QUEL EST L’IDIOT QUI A NOMME UN DEBILE PAREIL SHINIGAMI !! »
Un sourire étira les lèvres légèrement colorées, il tendit la main vers la fontaine à eau, effleurant au passage le postérieur du petit stagiaire et attrapa son gobelet. Puis il entama la discussion avec..personne à vrai dire. Dans le local, un silence épais s’était installé. Personne n’écouta les projets de week-end du rouquin, et si tout le monde le regardait du coin de l’œil, personne n’osa lever les yeux sur lui.

« GRELL SUTCLIFF !!!!!!! »


Le hurlement résonna dans tout l’immeuble faisant sursauter un bon nombre d’employés. Le sus-nommé Sutcliff fini tranquillement son verre d’eau, le posa sur le bureau de la secrétaire. «Gardez-le, ça vaudra de l’or dans quelques années. »,  fit un clin d’œil au petit stagiaire et se dirigea tranquillement vers le cri, un petit sourire aux lèvres.
Sourire qui s’élargit lorsqu’il pénétra dans le bureau de la direction.  Il était là ! Son dieu, son héros, celui qui hante ses nuits et ses jours. Et qui refuse de lui accorder la parole depuis au moins deux semaines. William T. Spears en personne, accompagné de son directeur. Les deux hommes avaient une légère  ride au front, ce qui ne leur allait pas du tout. Il faudra penser à leur dire que ce que l’on raconte est faux. Les rides ne rendent pas un homme plus virile, beau et tout ça..non non elles le rendent juste..vieux.
Grell haussa un sourcil en voyant la main de Willy se crisper. Oh ce qu’il aimerait qu’il fasse cela sur son corps…pourvoir lutter avec cette main et la faire se crisper pour d’autres raisons…Mais il s’égarait. Avant que l’un des deux ne se mette une nouvelle fois à hurler, le rouquin pris la parole.

« J’ai cru entendre que l’on avait besoin de moi ? »


Les deux hommes échangèrent un regard, bon, visiblement Grell n’aura pas l’occasion de défendre son idée et d’expliquer à quelle point il est génial. Mais ce n’est pas comme si il espérait. C’était aussi pour ça qu’il avait anticipé et lancé la campagne de publicité sans accord. Une publicité qui incitait les gens qui voulaient mourir (où ceux qui voulaient tuer quelqu’un) à se rendre à un endroit précis. Ce qui permettait au shinigami de récolter toutes les âmes au même endroit et en même temps de préférence. Du pur génie.
Soufflant bruyamment, le grand chef fusilla le rouquin des yeux. Mais lorsqu’il commença à s’exprimer, ce n’était plus les beuglements de tout à  l’heure..mais un sifflement étrange. Comme une cocotte minute prête à exploser.

« Vous êtes un idiot. »


La faucheuse se passa la langue sur les lèvres, se préparant à rétorquer un merci de m’en informer et ??  Mais un regard de son supérieur l’en dissuada. Il réfléchit rapidement à plusieurs axes de défenses (ce n’est pas moi, c’était une bonne idée, poisson d’avril), et d’autres stratagèmes. Mais il n’eut pas le temps d’ouvrir la bouche.


«Puisqu’être consigné ne vous empêche pas de faire le mur et en conséquence de faire n’importe quoi. Nous avons trouvé une solution pour vous empêcher de nuire.  Votre faux est désormais sous scellé, sous la garde de Mr Spears.. »

Le ton monta aussitôt dans le bureau et une nouvelle fois, les petits papiers des secrétaires s’éparpillèrent.

« QUOI !?? MAIS VOUS N’AVEZ PAS LE DROIT !! »


« Et vous n’aurez plus le droit d’y toucher tant que nous ne l’aurons pas décidé. Cependant vous continuerez à faire vos heures. »

« COMMENT ?! MAIS JE NE PEUX PAS ALLER SUR TERRE SANS ELLE ! »

« Et pour remedier à ce problème, un petit sourire cruel étira les lèvres du grand chef , nous vous confions la formation d’un de nos nouvel élément. »

Grell grogna, la tension étant montér encore d’un cran dans la pièce. Non seulement il était privé de son bien le plus précieux, non seulement il devait faire équipe avec quelqu’un. Mais en plus il devait s’occuper d’un novice et ils allaient sûrement se faire descendre au premier raid qu’ils auraient à faire. Il jeta un regard noir aux deux hommes, qui le lui rendirent. Et il eut mal..mal en pensant que Willy, son Willy approuvait tout cela.  


Aussi lorsque la porte s’ouvrit une nouvelle fois pour faire entrer l’heureux élu qui aurait la chance de travailler avec le shinigami le plus célèbre et redouté de toute la team, on ne peut pas dire que l’ambiance était détendue….

Il ne s’était pas retourné au bruit de la porte, il avait juste regardé les deux visages en face de lui se redresser, William ajustant ses lunettes comme à accoutumé et l’autre esquissant une moitié de sourire affable. Il réfléchissait. Qu’est-ce qu’il risquait s’il arrivait un « accident » à son partenaire, ici et maintenant ? Peut être qu’enfin ils comprendraient qui était le meilleur shinigami. Enfin…peut être aussi qu’il se fera exécuter avant même d’avoir dit ouf et que c’était exactement ce qu’ils attendaient. Une fin brillante, mais il n’avait pas encore trouvé le grand amour, il ne pouvait pas mourir tout de suite.

Lorsque entendit une voix, il lui fallut un moment pour percuter. De une c’était à lui qu’on parlait, et de deux c’était sûrement la personne avec laquelle il allait passer les prochains mois. Son regard devînt glacial et il tourna rapidement la tête, histoire de ne pas paraître totalement rustre. Après tout, ce gamin n’y était pour rien. Enfin, s’il n’avait pas été là….mais ne partons pas sur ce genre d’idées. M’enfin, même s’il était nouveau, il aurait savoir à qui il s’adressait. Grell était connu dans le service que ce soit par les moqueries, les brimades ou les plaintes sexuelles. Ce fût donc d’une voix légèrement agacée qu’il se présenta, parlant à la fois pour lui et pour les supérieurs.

«  Je suis bien plus qu’une silhouette. Même si beaucoup semblent l’oublier. »


Et en plus, il fallait qu’il tombe sur une femme..enfin une presque femme. Après un énième regard noir à William (je suis sûr qu’il l’a fait exprès cet idiot, me mettre avec une personne de ce genre), il se décida à se tourner vers l’autre personne. Un grand, fin, aux longs cheveux roux, pas de quoi fouetter un chat. Grell croisa les bras en poussant un soupir.


« Vu vos...ressemblances, vous devriez parfaitement vous accorder. Aussi nous comptons sur vous. »
« ..Pour quoi ? Pour qu’on se fasse descendre à la première occasion ? Parce que si c’est ça suffit de le dire, je connais un petit démon qui se ferait une joie de …. »
« SUFFIT SUTCLIFF ! Vous n’êtes pas en position de discuter de quoi que soit. Nous avons d’autres choses à régler. Pour une fois, essayez de faire quelque chose de bien ! »


Sinon les conséquences risqueraient d’être terribles. Bon, il ne l’avait pas dit mais cela avait été parfaitement clair. Et se faire rabrouer comme ça devant celui qu’il était censé formé c’était tellement eux … De cette manière, le nouveau allait tout de suite comprendre que celui qui était censé le former était en fait sur la sellette et qu’il n’avait qu’un pas à faire pour lui prendre sa place. Où pour mourir avec lui…Par contre, ils expliquaient clairement que Grell était un abruti rebelle qu’il fallait remettre à sa place mais ils ne lui disaient pas qu’ils l’avaient mis en duo avec un shinigami sans faux. Ce qui était donc très dangereux. Etrange…

Les deux patrons adressèrent un regard compatissant à l’autre. (Grell n’avait pas encore décidé de comment il allait le surnommer), lui murmurèrent quelques mots à mi-voix (encouragement, excuses ?)  et quittèrent la pièce, les laissant seuls. L’heure de la confrontation avait sonné.

Le shinigami à la tronçonneuse perdue se pinça l’arrête du nez, en fermant les yeux. Il avait anticipé une engueulade en bonne et due forme mais pas tout ce qui venait d’arriver. Et tout ses projets venaient d’être chamboulés. Il avait envie de hurler, de sauter, de tuer, de casser…ah s’il avait eu sa tronçonneuse, le service de nettoyage aurait eu du boulot en passant dans cette pièce. Mais il ne pouvait rien faire.

Après quelques minutes, il rouvrit les yeux, contrarié.

« Bon, au moins ils ne savent pas encore pour le reste. Il posa les yeux sur l’autre. Sinon je peux te promettre que tu n’aurais même pas eu l’honneur de me connaître. »

Sur le bureau se trouvait une liste de tâches à accomplir, visiblement il fallait faire quelques emplettes et faire en sorte que le nouveau se familiarise avec les lieux et les services avant de pouvoir partir en mission. Grell eut un rictus, dévoilant ses canines pointues. Finalement, ils ne voulaient peut être pas perdre deux shinigamis en même temps.
 
 
Sans tenir compte de la liste, il alla s’affaler sur le bureau qui était occupé par le grand chef et posa les pieds sur la table, les deux bras croisés derrière sa tête. L’autre pouvait rester debout s’il voulait où se poser où il voulait mais lui avait besoin de se poser un moment. Puis il poussa un long soupir. Les ennuis s’accumulaient et pour l’instant il n’avait réussi à se sortir d’aucun d’entre eux.

« Bon…vu que les boss n’ont pas jugés bon de me le dire. T’es qui toi ? »


Un peu brutal comme entrée en matière. Mais on ne peut pas dire que Grell soit la délicatesse incarnée. Et puis il avait eu une journée assez rude. Brusquement il repensa au « enchanté » de tout à l’heure…hmm on ne pouvait pas vraiment dire que lui-même était enchanté. D’abord parce qu’il n’était pas son type, à vu de nez il pourrait même lui faire de la concurrence celui là. Mais bon, cela ne serait pas grand-chose à côté de ce qui les attendait…

Hmm..il savait tenir sa langue. Même si sur son visage, il avait vu une légère moquerie en entendant la liste des noms et fonctions que le rouge s’était donné. Mais il s’était passé de commentaire. Un point pour lui.
 
Ah..voilà qui devenait intéressant, le petit sourire (sarcastique, ironique ?) qui n’avait pas quitté son visage venait de s’effacer. Etrange comme une expression pouvait changer un visage. Par exemple, les gens s’attendaient toujours à voir Grell sautillant (il ne se déplace que de cette manière de toute façon) aussi lorsqu’il marche d’une autre façon, lorsqu’il s’attache les cheveux, on ne le reconnaît pas. C’était un peu ce qui se passait en ce moment avec le petit rayon. Subitement le rayon était devenu plus froid, plus professionnel. Ce qui lui fit fronçer les sourcils, perplexe.
 
Ce n’était qu’une liste après tout. Pas de quoi en faire un fromage. Surtout qu’elle était on ne peut plus banale, comme il l’avait lui-même remarqué.
 
Grell garda les sourcils fronçés, ne pipant mot. Il attrapa une mèche de ses longs cheveux et la tortilla autour de son index. Il avait pris cette fâcheuse manie lorsqu’il réfléchissait, où qu’il était contrarié. Il suivit du regard le rayon jusqu’à ce qu’il se soit installé. Près de lui. Trop près même. De là, il pouvait sentir son parfum, shampoing ? Il se parfumait ?
 
Et voilà que maintenant il lui faisait le coup de la sucette. Grell oublia momentanément ses soucis, la punition et tout le reste. Il venait d’entrevoir un nouveau jeu et s’il se débrouillait bien il pourrait régler une partie de ses problèmes. En plus, le petit rayon avait l’air consentant pour une fois, il semblerait même qu’il veuille mener la danse. Alors pourquoi ne pas jouer ?
 
Un sourire léger étira ses lèvres, qu’il avait orné de gloss (parce qu’il avait prévu un entretien avec William mais pas de cette façon). Ainsi le petit garçon n’était pas très sage. Il fallait donc éliminer les nuisibles. Et quoi de mieux que de les faire travailler ensemble. Soit ils s’entre-tuent, soit ils meurent lors d’une mission. Maintenant qu’il y voyait plus clair, il se sentait mieux.
 
Ses yeux se plissèrent malicieusement alors que son sourire s’élargit.
 
« Tu as du être très vilain pour te retrouver associé à moi… »
 
Comment ça ? Un sous-entendu là-dessous ? Croyez ce que vous voulez. En tout cas le sourire était revenu sur le visage de son compagnon. Mais il était toujours trop près. S’il voulait jouer il faudra qu’il apprenne les bases du jeu sans quoi il finira bien vite et pas forcément de la meilleure des manières.
 
Soutenant son regard, il tira la langue en entendant son dénominatif. Bien sûr, pour l’instant il était moqueur, comme un papillon qui s’approche de la lumière et se joue d’elle. Sauf qu’à la fin..tout le monde sait que le papillon se brûle les ailes. Enfin, Grell gardait à l’esprit que lui-même jouait avec un rayon, c’était peut être lui qui allait se brûler au final…mais bon, puisqu’il n’avait pas le choix, autant que les choses se passent de cette manière.
 
 
« Je pense que la plupart des choses inscrites ici sont inutiles. Il s’agit de test pour voir si nous sommes capables de « travailler » ensemble »
 
Il se saisit de la liste, effleurant sa main de façon subtile et la mis dans sa poche de veston. La suite le fit rire, un rire franc dénué de sarcasme. Et il le fixa une nouvelle fois, une lueur de défi dans le regard.
 
« Le thé est une bonne idée. Mais je ne veux pas de n’importe quel thé. Je veux le thé que Spears cache dans son tiroir. »
 
Il continua de le fixer, amusé. La liste les mettait au défi de rester ensemble dans la dispatch (comme ça ils sont sous surveillance) avant de pouvoir les lâcher dans la nature. Ce qui allait arriver très bientôt. Alors autant voir de quoi était capable ce jeunôt. S’il se dégonflait, Grell aurait de quoi se moquer pour un petit moment, s’il réussissait et bien..il ne sait pas. Il pouvait aussi aller chercher un sachet de thé n’importe où et dire que c’était ça. S’il se faisait prendre, nul doute que c’était Grell qui prendrait. Il ne lui faisait donc pas courir un grand risque.
Il voulait également voir quelles seraient ses stratégies. Est-ce qu’il le sollicitera ? Est-ce qu’il sera assez audacieux pour lui demander autre chose en échange ? Où alors …
 
Tant de possibilités devant une simple demande.
 
Grell se trémoussa sur son siège et lui tira la langue, malicieux.Il avait complétement changé d’humeur. Et maintenant, il voulait voir la suite.
 

« Tu veux bien faire ça pour moi ?  Tu serais un amour. »

Bien, maintenant que les dés étaient jetés, que va-t-il se passer ? Est-ce que le petit jeune fera plaisir à son « maître » ? Où alors le « maître » va se retrouver piégé par ses demandes absurdes et ses envies de contrôle…


Après avoir longuement joué avec sa sucette, ce qui n’était pas sans donner des idées à notre rouge. (Il se souvînt d’ailleurs d’un autre moment avec une autre personne…Mais ce souvenir était trop douloureux. Il secoua la tête comme pour l’effacer). L’autre s’était enfin décidé à parler. Bon...un prix maintenant. C’était rassurant dans un sens, c’était le genre de chose que les être normaux faisaient. Il suffisait juste de voir quel était le prix qu’il désirait.
 
A moins qu’il ne le fasse changer d’avis ? Hmm..il y a tellement de raison de changer d’avis. Avec ou sans manière. Madame Red avait changé d’avis au moment le plus crucial..Cela lui avait coûté la vie. Lui-même changeait régulièrement d’avis au sujet de l’homme de sa vie. Mais pour faire changer quelqu’un d’avis,  on pouvait utiliser la violence, le chantage. C’était souvent la manière la plus efficace et la plus rapide. Mais on pouvait également utiliser un tas d’autres petites choses, beaucoup plus sournoises…
 
Inclinant la tête sur le côté, le rouge plissa légèrement les yeux. Tout a un prix. Il était bien placé pour le savoir. Seulement parfois le prix est beaucoup trop important par rapport à la vraie valeur de la chose. Mais bon, ce n’était que des détails, et cela n’avait pas vraiment d’importance pour Grell. Surtout en ce moment.  Il aimait le risque, l’incertain, il fallait que les choses bougent  et son instinct lui soufflait qu’il fallait qu’il fonce. Et puis s’il pouvait avoir quelqu’un de son côté, ne serait-ce que pendant un temps (le temps que ce quelqu’un ne comprenne qui il était vraiment et ce qu’il voulait faire), cela lui permettrait de souffler.
 
« Te faire changer d’avis…Je ne pense pas que ce soit à moi d’influencer ton opinion. »
 
En effet, chacun devait réfléchir par lui-même. S’il y avait une chose que Grell haïssait en ce bas monde. C’était cette perte, les humains (comme beaucoup de shinigamis d’ailleurs) se contentaient d’obéir. Ils ne cherchaient plus à comprendre le pourquoi du comment, ils n’essayaient même plus de penser par eux même. D’être eux même. Le monde se moutonnisait. Et un jour, ils allaient tous devoir en payer le prix. Eux aussi.
 
Il se leva lestement, admirant au passage la chevelure de son comparse. Un beau coucher de soleil un peu en vrac quand même. Une nouvelle fois une pointe de jalousie le traversa lorsqu’il constata qu’ils étaient plus longs que les siens. Mais cela voulait dire qu’il avait autant de mal que lui, si ce n’est plus à les brosser et les discipliner. Enfin...Peut être qu’il n’y accordait pas autant d’importance puisqu’il portait un couvre-chef.
 
 
S’approchant lentement, prenant soin de faire claquer ses petits talons sur le sol, il fit le tour du petit rayon. Ce dernier semblait réfléchir. Peut être qu’il ne savait pas comment dire non ? Où alors il rêvait à sa récompense. Toujours est-il que Grell ne s’immobilisa que lorsqu’il fut derrière lui. De manière à ce qu’il ne puisse plus le voir. Il se pencha, laissant ses cheveux tomber sur ses épaules, de manière à ce qu’ils chatouillent la joue du petit rayon, sans le toucher de lui-même pour autant.
 
Son souffle chaud alla se perdre dans l’oreille de son partenaire.
 
« Nous allons faire équipe. Alors il faut que nous puissions compter l’un sur l’autre dans toutes circonstances…mais bien sûr, un service sera toujours rendu. »
 
Il refréna l’envie de croquer le petit lobe d’oreille et fit quelques pas en arrière. Ébouriffant ses cheveux, il fit une petite moue et se mordilla le doigt. Il n’avait toujours pas avancé au niveau du thé. Il fallait quand même qu’il se décide, poursuivre sa demande où alors tout annuler. Une autre chose lui passa par la tête au même moment. Ce type devant lui, venait de lui dire qu’il avait fait une bêtise, une grosse probablement. Où alors quelque chose de très agaçant...qu’est-ce que ça pouvait bien être ?
 
« Bon..il arrive ce thé ? »

Les rôles venaient une nouvelle fois de s’inverser…et tandis que le jeunot s’avançait vers lui, remuant quelque chose dans sa poche. Grell se surprit à penser qu’il en ferait bien son quatre heure. Il y avait longtemps que personne ne lui avait témoigné d’intérêt. Et même s’il n’était pas vraiment son type, il fallait avouer que cela faisait du bien.

La fin de ses paroles le fit sourire. Un sourire à la cheschire, dévoilant ses canines pointues. Ainsi il le..menaçait ? Une vengeance ? Mais c’est qu’il était audacieux ce petit rayon. Il ne savait vraiment pas sur qui il était tombé. Sinon, jamais il n’aurait osé, ne serait-ce que penser menacer le shinigami qui avait à son actif le plus grand nombre d’âmes fauchées (légalement ou non d’ailleurs). Tiens, en passant, vous avez-déjà assisté au fauchage d’un shinigami ? C’est impressionnant, divertissant et franchement dangereux. Puisque les shinigamis travaillent avec la mort, leur « âme » (ou ce qu’il en reste), est en quelque sorte habituée à elle, et connaît ses ruses. Il est donc très difficile de la récupérer. Seuls quelques talentueux shinigamis y parviennent et encore, il arrive souvent qu’ils ressortent de la mission épuisé (et parfois un peu fou…). Mais peut-être qu’un jour vous aurez l’occasion de vous pencher sur la question. 


« Te venger ? Encore faudrait-il savoir comment faire ici…susurra, le rouge »

De plus, une bonne vengeance doit-être personnalisée. Se contenter de voler, mélanger, détruire le travail d’un collègue parce qu’il vous avait cassé les pieds c’était d’un banal. Il fallait d’abord bien connaître la personne, analyser ses points forts, ses points faibles, attendre le bon moment et frapper juste là où cela faisait mal. Une vengeance bien orchestrée pouvait mener un être vivant à son auto-destruction. Bon, après il faut aussi doser le degrés de la vengeance, n’allez pas pousser un homme à se détruire parce qu’il vous a dit que vous aviez un bouton sur le nez.

Woh, woh, woh…Il venait se passer quoi là ?! Le temps que Grell réfléchisse à propos de la vengeance et de la manière de la manger (en général on dit que froid ça passe mieux..mais parfois un bon bol bouillant ça peut faire du bien aussi), le rayon avait sorti un paquet de sa poche. Qu’il s’amusait à lancer dans les airs. Bah voyons, en fait ce vaurien savait depuis le début comment tout cela allait se terminer. C’est pour cette raison qu’il était aussi sûr de lui. Il venait de le prendre pour un imbécile.

Le sourire se figea, tandis que ses yeux lancèrent des éclairs envers le petit sachet. D’abord comment est-ce qu’il avait osé aller dans le bureau de son Willy ?! Et puis pourquoi il avait un sachet de thé ? C’était William qui lui avait donné ? Où alors il l’avait volé ? Et s’il avait fouiné dans les affaires de William, qu’est-ce qu’il avait pu voir et prendre encore ?  Son intuition ne l’avait pas trompé lorsqu’elle lui soufflait fouine, fouine..

Mais le plus important. Comment reprendre la main désormais. Car il lui devait un service. C’était le deal. Et allez savoir ce que ce gamin avait dans la tête. Déjà, il fallait qu’il récupère ce sachet. Il pourra toujours servir par la suite. (Et puis c’était du thé de Will !! Donc il faut qu’il l’obtienne !) Alors il se mit à sautiller tout autour de l’autre, tentant d’attraper son précieux.
Enfin..c’était ce qu’il laissait croire, car en réalité il ne comptait pas attraper le sachet maintenant. En tournant autour de l’autre, il le faisait se déplacer (enfin, il espérait), de manière à ce qu’il se retrouve dans un coin de la pièce. Et une fois dans ce coin..et bien il lui suffirait de lui attraper le cou d’une main et le sachet de l’autre. Et voilà simple comme bonjour.
Tandis qu’il essayait de l’acculer vers le coin. Grell tenta une diversion, ce qui lui permettait de continuer sa manœuvre sans que l’autre n’en prenne conscience.


« Bien joué. Tu m’as l’air d’être un petit futé, et du coup que veux-tu en échange ? Mis à part le ridicule que je me paie en ce moment ? » 

Il passa ses mains le long de son corps, l’effleurant, exerçant une légère pression aux endroits stratégiques. Souriant, une lueur malicieuse au fond de ses yeux cerclés de jaune, il savait exactement où aller et comment y aller pour faire monter la pression, donner l’envie de plus. Pointant le bout de la langue, il se lécha les lèvres, comme pour lui offrir un aperçu de ce qui l’attendait par la suite. Pendant ce temps, ses mains ne semblaient pas vouloir le le quitter, partout et nulle part à la fois…

Mmh..oui c’est ce qui aurait pu se passer en effet. Une des nombreuses possibilités qui s’offraient à lui alors qu’il avait enfin acculé son nouveau jouet dans le coin. Malheureusement, le sachet de thé avait disparu, aussi rapidement que les jours de congés que William offrait généreusement quelque fois. (Il faut dire que pour bénéficier de ces jours de congé, il fallait s’inscrire sur la liste qu’il cachait quelque part dans le bâtiment..et en général, c’était toujours les mêmes qui étaient au courant où qui trouvaient la liste avant).

Il était rapide le bougre. Mais avait-il l’expérience ?

Plissant les yeux, Grell le détailla du bas vers le haut. Est-ce qu’il en valait la peine ? Après tout, il avait pas mal d’autres choses à faire. Et puis le laisser en plan avec son sachet de thé serait une bonne leçon. Il ne faudrait pas que le petit rayon attrape déjà la grosse tête où ne s’octroie tout les droits.

S’approchant de lui, son nez n’étant qu’a quelques millimètres de l’autre, ce qui le forçait à loucher..Il prit un air mécontent. Ses lunettes glissant sur le bout de son nez, ne tenant que grâce à la petite chaînette qui était passée autour de son cou. D’une voix basse et bien plus grave que celle qu’il avait utilisée auparavant il déclara :

« Est-ce que tu peux m’expliquer à quoi tu joues ? »

Tiens, il lui croquerait bien le nez là tout de suite. Juste pour voir sa réaction et puis pour le goûter aussi. Mais bon..Il ne fallait pas que l’autre ait des blessures apparentes. Surtout pas les premiers jours. Sinon Grell pouvait dire adieu à sa tronçonneuse..définitivement. Et ça il n’en était pas question !

Lorsque la sucette entra dans la danse, il s’imagina un moment l’enfoncer dans la gorge de son partenaire. Mort étouffé par sa sucette. Ce serait amusant ça..Où alors dans son nez. L’image de son collègue avec une sucette collé dans le nez le fit glousser.

Au lieu de cela, il se contenta d’attraper le poignet tenant la sucette. Et, fixant son compagnon droit dans les yeux, il tira doucement sur la main, pour le forcer à avancer vers lui. Lentement, il fit glisser la sucette le long de ses lèvres. Y perdant par la même occasion un peu de son rouge à lèvre haute tenue (il nota mentalement qu’il toucherait deux mots au concepteur de ce rouge à lèvre. Certes la couleur est sublime mais quel est l’intérêt si celui-ci ne résiste même pas à un petit baiser !)
Lâchant le poignet et le bras il poussa un petit soupir déçu et haussa les épaule. Un air faussement navré sur le visage.

« Et bien, comme le sachet de thé n’est pas arrivé à destination. Je pense que le contrat est annulé. »

Et toc. Voyons comment tu vas réagir à ça petit rayon…

Alors qu’il jouait avec le petit, l’homme à la tronçonneuse (désormais confisquée mais c’est trop long si à chaque fois que l’on le nomme on doit écrire « l’homme à la tronçonneuse confisquée) appris encore quelques petites choses. L’autre recula, peur, mal à l’aise à cause de la promixité ? Toujours est-il que sous cette facade d’assurance et de bravade qu’il abordait il possédait quand même quelques points faibles. Rassurant.
 Ensuite, le fait qu’il ne réponde pas directement à sa question. Répondre à une question par une autre signifait plusieurs choses. Soit il ne savait pas lui-même où il voulait arriver ce qui était extrêmement dangereux. On ne jouait pas à ce genre de jeu avec Sutcliff. C’était l’une des nombreusees règles qui figuraient dans le manuel des jeunes recrues. Manuels que la plupart ne lisaient pas, ce qui permettait à notre homme en rouge de nombreuses heures d’amusement sans ennuis. En effet, s’ils ne lisaient pas les quelques règles de base de la dispatch, comment pouvait-on les envoyer un jour sur le terrain ?

Soit il continuait la provocation. En insinuant que Grell était vraiment stupide s’il n’avait pas encore deviné l’issue de la confrontation. Bon..ça c’était moins amusant. C’est pour cette raison que l’homme à la tronçonneuse opta pour l’option A, il ne savait pas où il allait arriver. Plus gratifiant pour lui et puis plus prometteur pour la suite des événements.

Enfin, le petit coup de la sucette avait réussi à le déstabilisé. Comme quoi, il savait toujours jouer de ses charmes peut importe la situation. C’était assez amusant d’ailleurs de le voir changer si radicalement de visage. Autant certains aimaient être la cause d’un sourire sur le visage de quelqu’un, autant cette fois-ci, Grell appréciait pleinement être la cause de la disparition de ce sourire. Déjà deux fois qu’il avait réussi ce qui semblait être un tour de force. Cela pourrait bien devenir un de ses passes-temps des prochaines semaines. Allez savoir quelle tête il pourrait encore faire apparaître chez l’autre ? Le dégoût ? Il n’en doutait pas, il arrivait facilement à susciter cette émotion chez les autres. La peur ? Probablement..La haine ? Peut être…Tellement de possibilités.

Lorsque le rayon se fut remis de ses émotions. Le petit sachet, qui avait déjà bien voyagé, se retrouva collé sous son menton. Puis il glissa lentement, provoquant un petit frisson le long de son échine. Oh si seulement c’était William qui laissait glisser sa langue sur ce petit chemin..et non un simple sachet de thé. Mais...cessons les rêveries. William avait trahi. Il l’avait privé de son bien le plus précieux et lui avait collé un débutant dans les jambes. Et en plus, il avait une dette envers ce débutant.
Hochant la tête, une petite étincelle dans le regard, il déclara calmement :

« Bien, tu as gagné la première manche. »

Mais ne pense pas que la suite sera aussi facile mon petit. Il te reste beaucoup de chemin à parcourir et déjà, quelques points faibles te concernant sont apparu.

« Qu’est-ce qui te ferait plaisir ? Au regard de ta petite prestation, je ne pense pas que tu ais besoin de quelqu’un pour obtenir ce que tu veux. »

Il aurait pu demander des tas de choses, la lune même. Mais il avait opté pour..la protection. La sécurité si vous préférez. Enfin..même là c’était assez ambigüe. Parce que les accidents, ils pouvaient arriver par Grell mais ils pouvaient aussi arriver comme ça, par hasard. Oui personne ne le connaissait celui-là mais tout le monde l’avait pourtant rencontré au moins une fois dans sa vie, si ce n’est plus. Et à chaque fois dans d’étranges circonstances.

Bref. S’il parlait du fait que le rouge mourrait d’envie d’ajouter une victime à sa liste personnelle, il n’avait pas vraiment de soucis à se faire. Déjà il n’avait pas sa tronçonneuse, et s’il était possible d’abîmer un shinigami assez sérieusement, sans faux il était quasiment impossible de les tuer. Enfin sauf si on était un démon...où un ange. Mais bon, l’autre ne savait pas qu’en plus d’avoir un chef complètement taré, il avait récupéré un chef sans arme. Un chevalier sans épée.
Haussant un sourcil, Grell affiche une mine perplexe. Comme s’il réfléchissait à cette demande. Il enroula une mèche de ses longs cheveux autour de son index, encore et encore. Si jamais cela impliquait de le protéger contre monsieur hasard où d’autres personnes cela risquait d’être plus compliqué. Mais le deal n’avait pas l’air bien compliqué à réaliser. Il aurait pu tomber sur bien pire.

Hochant la tête en guise de réponse, il haussa les épaules quand à l’idée d’y aller. Le boulot sera fait de toute façon. Et puis, il ne savait pas s’il devait rester avec le rayon tout le temps où juste le temps des missions. Le travail en équipe n’était vraiment pas son fort.

Alors qu’il allait répondre qu’il n’y avait pas le feu et que chaque instant de tranquilité dans cet endroit était un moment de liberté de gagné, quelqu’un frappa à la porte et l’on pu entendre :

-          Oh les jumeaux diaboliques, vous sortez de là ! On a besoin de la salle pour faire une réunion.

Grell leva les yeux au ciel. C’était son rôle à lui de trouver les surnoms. Et puis franchement, ils n’avaient pas été loin pour le chercher celui-là. Il marmmona dans sa barbe, en rajustant son manteau et se refaisant rapidement une beauté à l’aide d’un petit miroir qu’il sortit de sa poche.

« - Jumeaux…déjà on ne se ressemble pas. »

Et puis il n’avait aucune envie d’être associé à quelqu’un. Parce qu’une fois que c’était parti, il ne pourrait plus faire un pas sans que, dès qu’on le voit, on ne pense à l’autre également. Les duos ne pouvaient exister qu’en étant deux. Et Grell ne voulait pas faire de duo, d’abord parce qu’il tenait à occuper toute la scène, il ne voulait pas être la cinquième roue du carosse et puis parce qu’à chaque fois qu’il s’était rapproché de quelqu’un cela s’était très mal terminé. Surtout pour lui…
Une fois les retouches de maquillage et de coiffure terminées, le petit miroir disparu dans la poche du manteau. Il s’occupa de celui qui allait donc l’accompagner un moment. Il songea à lui parler des disparitions, de la société qui volait des âmes…mais il jugea que ce n’était pas le moment et puis d’ailleurs il n’avait pas le temps. Des shinigamis, costumes noirs et chemises blanches, venaient d’entrer dans la pièce. Ils étaient trois pour le moment, mais nul doute que d’autres allaient arriver.

Soutenant le regard du premier, jusqu’à ce qu’il détourne la tête, Grell afficha un petit sourire satisfait. Il fit un clin d’œil coquin à un deuxième, ce qui attira quelques gloussements et remarques plus où moins obscènes de la part du dernier. Il n’y prêta aucune attention et se dirigea vers la sortie.
 
Au moment de franchir la porte il se retourna et observa son accolyte.

« Bon allez, on a encore beaucoup de choses à faire. Et je pense que ce que ces monsieurs vont faire ne sera pas d’une grande importance.  Tu viens ? »


Pour aller où, il n’en avait encore aucun idée. Peut être dans son bureau, pour s’attaquer à la tonne de dossier ? Où alors la cafétéria ?...

[HRP] J'avais des tas d'idées...mais nous ne sommes pas assez proches et je ne suis pas une fille facile.  Du coup:
 On va là:
https://black-deal.forumsrpg.com/t600-attrape-moi-si-tu-peux-sun#3727 [/HRP]