Je m’inclinais et la suivait docilement et c’est au bout d’une heure – qui m’aurait pris une dizaine de minute – que nous arrivions à son domaine. La façade de son manoir était impressionnante et un fin sourire traversa mes lèvres. Une riche maitresse. Voyez-vous ça. Nous entrons finalement et une gouvernante accourus vers nous et la stupeur était visible sur son visage.

"Ma...Mademoiselle Soulbridge ?" balbutia-t-elle difficilement.

Et soudainement, l’attitude de la jeune fille changea radicalement. Je plissais des yeux. Elle cachait sa véritable personnalité… Voilà bien une enfant de bourge. Enfin, c’était plutôt drôle en soi.

"Bonjour...ma tante et mon oncle ne sont pas là...?"

"Et bien non, ils sont en voyage pour deux semaines. Vous n'étiez pas sensé être en maison de correction mademoiselle ? Voulez vous que je prévienne que..."

"Je n'y retournerai pas, alors au lieu de poser des questions comme cela, rendez vous utile, rouvrez ma chambre et préparez-en une autre." dit-elle d’une voix tranchante que je ne compris pas.

Dépité, la femme s’inclina et exécuta l’ordre donné. Je regardais la scène, sans mot dire, simple spectateur de cet échange incompréhensible. En tout cas, leurs propos laissé à penser que Doll était partie de la demeure. Simple supposition, s’il devait rouvrir sa chambre.

Finalement, je la suivis à l’étage, soupirant, elle me regarda avant de sourire.

"Bienvenue chez toi."

Chez-moi ? Cela me fis doucement rire. Mon chez-moi n’avait rien de semblable à ici et même si j’allais loger ici quelque temps dans ce manoir, ça ne serait jamais autre chose qu’une halte entre deux décennies.

« C’est un bien beau manoir, que vous avez, mademoiselle. Mais il semble que vous revenez ici d’une absence. » dis-je, cachant ma curiosité.

« Oui, mais se serai sans doutes trop long à t'expliquer. »

Je ne pus m’empêcher de ricaner, j’avais le temps devant moi mais je m’abstenais de tout commentaire. Elle avait raison, nous devions parler de chose plus sérieuse.
« Bien. Si vous me permettez, il y a une chose dont nous devons parler. »

Elle ne me répondit pas mais dans son regard, je savais qu’elle comprenait.

« Les closes du contrat. Avant de prendre mes fonctions, vous devez me dire votre but ultime, se que vous convoitez… »

Je me rapprochais d’elle, se sourire aux lèvres pour poursuivre d’une voix doucereuse :

"En fait...j'ai découvert il y a peu que j'avais une sœur jumelle, je ne l'ai donc jamais vu car je...nous avons été séparées à la naissance. J'aimerai la retrouver."

Je la regardais, marcher si et là dans la chambre, sans un mot, je plissais les yeux, à son écoute.

"Tu dois surement te dire que ce n'est rien d'extraordinaire. Et c'est vrai, mais je dois bien t'avouer qu'un ou deux actes de vengeance ne m'aurai pas déplut. Mais je préfère retrouver ma sœur."

Alors c’était ça. Les humains sont bien étranges, mais si cela m’assure un festin, alors soit. Ricanant, je penchais la tête en la regardant.

« Comme c’est touchant…Voyez-vous ça. Vous risquez donc votre âme pour une personne que vous ne connaissiez pas. Les humains sont vraiment étranges. » dis-je, une lueur amusée dans le regard. « Puisqu’il en est ainsi, je vais donc vous aider à retrouver votre sœur mais attendez-vous à traverser des choses dont vous n’imaginez même pas. »

Je me redressais, étrangement sérieux et poursuivit. Je n’allais pas le répéter, je devais donc lui faire comprendre du mieux que je le pouvais.

« Je suis un démon et je n’aurais pas de pitié pour vous, même si vous êtes une femme. Vous avez cependant, droit à trois vœux que je devrais exécuter à la lettre. Quand vous les aurez formulé, je serais à votre entière disposition en tant que majordome jusqu’à la fin de notre contrat. »

« …Trois vœux ? … N’importe lesquels ? »

Je ricanais avant de répondre d’une voix douce : « Si vous cherchez à avoir l’entière soumission sur moi, je n’accepterais pas le contrat. Je tiens bien trop à ma liberté et ça serait briser un serment, contre mon éthique. »

Je la regardais minutieusement, il est vrai que je n’avais pas tout dis, ces trois souhaits étaient cependant cruciaux, il fallait qu’elle réfléchisse à chaque sens de chaque mot que je pourrais détourner. Mais là encore, elle ne le savait pas… Mais elle me semblait intelligente, peut-être à-t-elle compris qu’elle jouais avec le diable.

"Encore une fois je ne te demanderai rien de très atypique, je veux seulement que tu ne me trahisse pas, que tu reste à mes côtés jusqu'à la fin du contrat, ensuite que tu me protège au péril de ta propre vie et enfin que tu m'obéisse, au moins un tout petit peu."

Je ricanais à nouveau en entendant ça dernière phrase. Evidement, si j’étais un majordome, je lui devais une certaine obéissance mais les vœux qu’elle avait formulés me convenais.


Je sentis soudainement une brûlure sur ma main gauche, signe que mon seau brillait, instantanément après, ce fut un petit cris de la demoiselle en face de moi qui m’interpella, surement le pacte qui s’inscrivait dans la chair de sa nuque. Cependant, ce n’était pas un endroit très voyant et ça ne devait pas lui faire grand mal, elle devait surtout être surprise.

« Qu’est-ce que… ?! » se plaignit-elle.

« Ne vous inquiétez pas, c’est la marque de notre contrat qui se retrouve sur votre nuque, la brûlure doit déjà avoir disparus. »

Elle ne répondit pas et je lui offris un sourire hypocrite comme tout bon majordome.

« Voilà ce qui conclu notre marché. Et bien, je m’en vais de suite vous préparer un bon bain pour vous requinquer de votre soirée et préparer le dîner, si vous me le permettez. »

M’inclinant, je la laissais reprendre ses esprits et se reposer de tous ces événements. J’allais dans la salle d’eau, que je trouvais facilement en sentant l’humidité ambiante.

Je me postais ensuite devant la baignoire. Bon…En vérité, c’est bien la première fois que je dois faire un bain pour une humaine. Quelle est la température adaptée ?
Je fis couler l’eau chaude puis l’eau froide, ne sentant pas de réelle différence et ne sachant pas si c’était froid, chaud, tiède ou glacial. Trop froid serais mauvais pour sa santé mais trop chaud, elle se brûlerait… Je me débrouillais comme je le pu, incertain.

Soupirant devant mon incompétence, je retrouvais ma maitresse dans ses appartements et lui indiquais que le bain était près. Sans un mot, elle alla à la salle d’eau alors que je me postais derrière la porte en attente d’une réaction…

J’entendis chaque pas, chaque mouvement, chaque inspiration, chaque battement de son cœur et… Chaque frissonnement.

« Hmm... je lui dirai que la prochaine fois un peu plus d'eau chaude se serait pas mal... mais bon, je préfère ça qu'un bain brulant. »

Alors c’était donc froid pour les humains ? Je notais ça en tête. Au moins, c’était acceptable. Je fermais les yeux, avant de soupirer pour finalement descendre l’étage et laisser à la jeune fille, son intimité.
C’était maintenant l’heure du repas… Et encore une fois, je me retrouvais dans une impasse. Je n’avais encore jamais cuisiné pour un humain et ne savait pas du tout quel goût leur convenais ? En tant que démon, la nourriture humaine était fade et insipide… Je n’avais d’ailleurs encore jamais vu de démon manger des aliments dans ce monde.

J’entrais donc dans les cuisines, mon nouveau lieu de travail. A priori, le chef n’était pas là aujourd’hui… Ca m’arrangeait, de cette façon, je pouvais préparer le dîner au plus vite avant d’arriver à une heure trop tardive. Les présentations avec le personnel se feraient plus tard… Je repoussais déjà l’idée  de travailler avec des humains ; mieux valais ne pas y penser.




Je m’inclinais face à ma maitresse qui venait tout juste de sortir de la salle d’eau avant de me redresser pour la regarder dans les yeux.

« Excusez-moi pour la température. J’espère que ce ne fut pas trop froid… Sachant que les humains sont des créatures très sensibles et fragile face au climat. » rajoutais-je avec un sourire malicieux, ma vraie nature reprenant lentement le dessus.

« Je ne suis pas fragile ! Cependant fais plus attention la prochaine fois, je n'ai pas envie de tomber malade et surtout de mourir a cause de cela. De plus ca romprait notre contrat... » dit-elle.

Elle venait de me renvoyer la balle. C'est vrai, les humains sont faibles et fragiles, je devait faire attention à sa santé avant tout. Elle pourrait attraper je ne sais quelle maladie et en mourir…Ca serait bien ma veine.

Je m’inclinais.

« Je ne laisserais jamais mademoiselle mourir d’une maladie… Mais cela ne confirme que la fragilité de votre espèce ~ » répondis-je en me redressant.


Elle avait elle aussi un sourire, si prenant au jeu, mon rictus s’élargis.

« … Le dîner risque de refroidir. Vous pouvez rejoindre la salle à manger. »

Elle marcha avec assurance jusqu’à la pièce et dès qu’elle le fus assise, je claquais des doigts et au moment même où elle cligna des yeux, je faisais apparaître la nourriture. Elle parut surprise et je souris, amusé, néanmoins, elle s'était mordue la lèvre, dans une réflexion que je ne compris pas.

Puis, je tillais. Soupirant. Je devais me faire passer pour un humain, un majordome hors-norme mais un humain tout de même. Et aucun humain ne faisait apparaitre de la nourriture comme par magie.

Elle se racla doucement la gorge et pris un morceau de viande et des pommes de terre, elle porta finalement la nourriture à sa bouche alors que je regardais minutieusement ses réactions.

Oh. J’inspirais. Le genre de question qui n’annonce rien de bon. Etait-ce si mauvais que cela ? Pourtant, j’avais suivis à la lettre la recette…Et même après y avoir goutté, je n’ai rien compris au saveur…C’était visqueux avec un arrière goût d’amertume. Pourquoi chez les humains, tout devait être si compliqué ? Je restais stoïque. Ne laissant traverser aucune émotion. Mais talent de cuisinier était si terrible ?

« Oui, allez-y mademoiselle, je vous écoute. » dis-je.

Elle se retourna alors vers moi et pour la première fois, je vis une lueur malicieuse dans ses yeux. Sur le coup, c’était étrange de voir cette expression qui me caractérisait sur son visage. Cette fille avait bien des facette, me dis-je. Elle me posa alors une question gênante. Pour moi. Pour le « majordome » que j’étais.

« Est-ce que par hasard se serait la première fois que tu travailles en tant que majordome pour une humaine ? » finit-elle par dire.


« Malgré le fais que j’ai vécue à plusieurs époques sur Terre, j’avoue n’avoir jamais fait ce genre de… travail. Et j’avoue que je n’ai jamais vraiment joué les serviteurs pour les humains. » dis-je avant de rouvrir les yeux pour sourire faiblement, penaud.

Pour un Démon, c’était très gênant. Extrêmement gênant. Il fallait que j’apprenne au plus vite les gouts, les aliments, la cuisines, les températures, les horaires, les maladies, la présence et les élémentaire du majordome. Sans parler de tout ce qui se rapporte à cette lady, jusqu’aux moindres détails. Et tout ça, le plus rapidement possible. Gênant.

Le pire était que je devais tout faire pour paraître humain. Quelle plait. Je devais le faire dès demain car là, les domestiques seront présents. Je soupirais intérieurement, voilà bien la première fois que je manquais de temps dans toute ma vie de diable ! C’était une première. Demain, je devais être parfait, parfaitement parfait. La nuit s’annonçait chargé pour moi, encore heureux que je n’avais pas besoin de sommeille.

Je recroisais finalement son regard.

A ma question, je la vie sourire avec douceur, si sincèrement que j’en fus troublé. Cette demoiselle était bien étrange…

« Et bien, non, mais disons que tu as encore des progrès à faire, c’est tout. » répondit-elle finalement.

Je tiquais. Mes doutes étaient fondés et ce fus un coup dans mon orgueil mais je ne laissais cependant rien transparaitre. Soupirant faiblement pour acquiescer à ses propos.

A mon grand étonnement, elle repris ses couverts et mangea tout ce qui se trouvait dans son assiette, passant de l’accompagnement au dessert. Je ne disais mot… Faisait-elle ça pour me faire plaisir ? Etrange. Ou peut-être qu’elle ne voulait pas encore plus compliqué la soirée quelle ne l’était déjà. Je la regardais manger, sans émotion, attendant patiemment. A cette pensée, je ne pu que sourire malicieusement ; je ressemblais à berger nourrissant sa brebis pour la dévorer par la suite.

Finalement, c’est la gouvernante qui me sortit de ma transe, arrivant à petit pas jusqu’à la demoiselle pour lui chuchoter à l’oreille. J’entendais aussi parfaitement que si elle l’avait crié.

« Tout les domestiques ont choisis la décision de démissionner, mademoiselle ! »

« Comment ça ils démissionnent ? » répondit Doll avec un froncement de sourcil, ne chuchotant pas comme son interlocutrice.

La femme lui tendit un papier que, malheureusement, je ne pus voir de là où je me trouvait mais je supposais que c’était la preuve de ce qu’elle avançait.

« Il ne reste personne ? »

Je fronçais les sourcils à mon tour.

« Si mademoiselle, un cuistot et un jardinier nt décidé de rester, ainsi que moi. »



Quand la gouvernante nous laissa enfin seuls, je détaillais la fille en face de moi. Je la vis soupirer pour se caller sur le dossier de sa chaise. Elle semblait extenuée. Après une nouvelle inspiration, elle décida de se lever.

« Et bien, soit. De toute façon je ne veux pas de personnes inutiles dans ce manoir et encore moins des personnes qui ne m'ont jamais apprécié. »

Je ricanais et m’avançais vers elle, gardant une certaine distance cependant. Je posais mon index sur mon menton pour sourire tel mon habitude.

« Et bien, et bien, voilà qui est bien parlé, mademoiselle… Mais cela ne va-t-il pas être handicapant de n’avoir que si peu de domestiques ? Enfin. Je vous propose d’en réfléchir demain, car cela sera une longue journée et vous en avez assez fait pour aujourd’hui. »

Soudainement, je me baissais pour susurrer à son oreille :

« Mais finalement, ce n’est pas si mal. Les humains sont des créatures avides et ambitieuse, il aurait été dangereux d’en avoir autant dans ce manoir… Et il aurait aussi été dangereux pour eux avec moi dans cette maison ~ »

Puis, je me redressais.

« Bien, my lady, je promet que le service de demain sera parfait, sur mon honneur de majordome. Il est maintenant l’heure pour vous de dormir, l’heure se fait tardive et vous avez besoin de vous reposer. »

Je m’avançais vers la grande porte de la salle à manger, ouvrant celle-ci pour découvrir le hall et faisant un geste gracieux de la main vers cette sortie, pour sourire avec malice :

La jeune fille sortit docilement de la pièce en me regardant tout de fois avec un étrange regard que je ne compris pas. Un plissement des yeux qui semblait signifier « Que veux-tu dire par là, démon ? ». Je ne me départais pas de mon sourire, si elle apprenait mon pouvoir, elle serait effrayée… Evidement, je pouvais lui faire ressortir ses pires cauchemars que je voyais danser dans son esprit. Mais je n’allais pas lui révéler tout de suite… Je pouvais tirer profit si je le gardais secret.

Finalement, nous rejoignîmes sa chambre. Alors que je me postais à la porte, sans émotions, les yeux fermés, lui laissant son temps d’intimité, je réfléchissais au meilleur moyen d’utiliser son ignorance.

Bon, j’avais d’autres soucis en tête. Je retins un soupire las.

J’ouvrais les yeux en l’entendant se rediriger vers son lit où elle s’assit pour me regarder, les yeux fatigués.

« Au fait, ta chambre est juste à côté. Et si tu as besoin de quoi que se soit n'hésites pas à demander à la gouvernante. » me dit-elle avant de bailler longuement.

Je m’inclinais.

« Bien mademoiselle. Mais ne devrais-je pas être dans les appartements des domestiques ? » demandais-je en haussant un sourcil.

« Prends le comme tu veux mais pour moi tu es bien plus qu'un simple domestique. »

Je marquais un temps de pause imperceptible pour l’humaine en face de moi. Puis je pu m’empêcher de sourire pour m’incliner bien bas, une main sur le cœur.

« J’en suis honoré, mademoiselle. » dis-je avec humour.

C’était quelque chose d’intéressant. Elle me voyais donc comme son « sauveur » avant tout et non son « bourreau ». Ca me donnait une marge de manœuvre, à nouveau. C’était tellement ironique !

Je me redressais. Prenant le chandelier par la même occasion.

Puis je le regardais, avec un visage faussement doux.

« Il se fait tard et vous êtes fatiguée…Dormez maintenant. Demain sera une longue journée. »

La demoiselle fit un bref signe de tête pour prouver son assentiment pour ensuite se refugier sous les couvertures tièdes et épaisse. Cette dernière avait un regard vague et fatigué, surement réfléchissait-elle aux événements du lendemain.

Conformément installée, elle fini par fermer ses paupières pour marmonner un « Bonne nuit Michael… » d’une sa voix douce et ensommeillée.

Je souriais avec simplicité. Puis, avec un soupire, je me retirais dans l’ombre ; ma nuit ne faisait que commencer.


Un nettoyage intensif, cuisine, appartement, couloirs, bibliothèque, tout brillait comme un sou neuf. La cuisine arrangée au bon vouloir du majordome, tout était préparé pour le lendemain. Le jardin aussi avait été refait, les fleurs fleurissaient comme par magie, l’herbe était tondue, les bosquets redécoupés. Tout le manoir avait été refait de fond en combe pendant la nuit, lui redonnant une prestance oubliée.

Beaucoup auraient dit que c’était l’œuvre d’une diablerie.


Le tintement de la déserte se faisait entendre au petit matin, sans toquer à la porte, j’entrais avant de déposer le petit déjeuner près du lit de la jeune fille aux cheveux blancs. Cette dernière dormait paisiblement, sans savoir qu’elle serait bientôt sortie de ses songes.

Avec souplesse, je m’avançais vers la fenêtre avant d’écarter les rideaux avec force, laissant les rayons du soleil rentrés dans la chambre.

« Mademoiselle, il est l’heure de se lever ! » annonçais-je d’une voix enjoué.

Cela allait devenir mon quotidien, me dis-je. Mais si cela m’aidait à passer le temps,  pourquoi pas, j’espérais au moins ne pas m’ennuier, il ne manquerais plus que ça. Jouer le majordome docile n’était pas mon genre, mais si cela en valait le coup, j’étais près à perdre quelques années, de toute façon, il ne tardera pas, le jour, où je la dévorerais.

« Une nouvelle journée commence. »

Dis-je d’une voix doucereuse en me rapprochant du lit ; la journée allait être fatigante mais pas moins amusante. J’espérais que cet humain me fasse sortir de mon quotidien insipide, elle était prometteuse. Nul doute que ma nouvelle vie allait m’occuper, j’espérais qu’elle soit rocambolesque !

Pain grillé, scones, porridge*, œufs brouillés ou sur plat, kippers**, rognons***, marmelade et confitures, toute cette nourriture se dévoilaient fièrement sur la desserte bringuebalante, approchée du lit je versais dans une tasse de porcelaine de la maison Wedgewood un thé Orange Pekoe qui dégageait des vapeurs chaude.

« Hum... bonjour Michael... » marmonna la jeune femme à moitié endormie.

Je déposais mon regard sur sa personne, ne pouvant contenir un petit sourire indulgent face à ses yeux encore papillonnant devant les rayons du soleil qui traversait les grandes fenêtres de la chambre. Elle semblait encore perdue dans ses songes, ses idées devenant peu à peu plus claires, elle se réveillait doucement.

« Bonjour mademoiselle, j'espère que vous avez passez une bonne nuit. » lui répondis-je.

Elle me regarda avec un air déterminée mais contrasté par les marques de sommeille qu'elle subissait encore.

« J'espère que tu es également prêt pour ta première journée en temps que majordome. »

Je soupirais mais acquiesçais simplement.

« Certainement. Et bien laissez-moi la commencer. » lui souriais-je avant de lui tendre le thé encore chaud. « Voici un thé Orange Pekoe, ne connaissant pas vos goût concernant le thé du matin et ne voulant pas m'avancer, je n'y est pas ajouté les fleurs séchés**** mais j'espère que cela vous conviendras. J'ai du malheureusement faire de même pour le petit déjeuner, veuillez-m'excuser, j'ai donc mis à votre disposition différents plats pour que cela vous soit agréable, cependant, à l'avenir, je vous apporterez ce qui vous sied le mieux en alternant la nourriture. » énumérais-je en parfait majordome.

Puis je m'éloignais pour me diriger vers l'armoire en bois d'ébène ou trônais quelques tenues de la demoiselle.
« Je me suis aussi permis de vous apportez quelques tenues pour ces prochains jours, il faudra passer chez  la couturière***** si vous le permettez, j'espère que cela vous conviendras cependant. » dis-je en déposant délicatement l'ensemble sur le lit de la demoiselle avant de se tenir près d'elle.

« Ne vous inquiétez pas pour la nourriture, malgré mon écart d'hier soir, j'y ai remédié cette nuit et, je l'avoue, même si cela n'est pas à la hauteur de votre maison, je ne manquerais pas de m'améliorer pour votre palais ~ Ensuite, je me suis permis de rentre le manoir plus propre et plus organisé qu'il ne l'était et de rétablir le jardin. »

Je reprenais inutilement ma respiration, la regardant attentivement.

« Évidement, votre emploi du temps est libre, je n'ai pas encore pu contacter vos professeurs ni votre tuteur******. J'aurais besoin de leurs noms si vous les connaissaient, sinon je m'en chargerais personnellement. J'aurais aussi besoin de votre avis pour le déjeuner et pour votre goûter. »

Puis, souriant, je penchais la tête, un doigt sur le bout des lèvres, le sourire qui me caractérisais tant flottant sur mon visage, reprenant mon air espiègle.

Tout semblait se passer comme prévus, tout semblait lui convenir, ses yeux qui essayait de cacher son envie devant la desserte ne m'avait pas échappé, ni la satisfaction passable face au thé que je lui avait proposé, aucun refus, ce qui signifiait que c'était convenable. Je pensais avoir réussie cette première tache avec brio. Et bien je m'étais trompé, lourdement trompé.

Quand mes derniers mots s'échappèrent de ma bouche remplie de malice, la jeune lady avala soudainement de travers, manquant de s'étouffer, inquiet, mon regard se fit soucieux mais il passa vite à l'incompréhension face à la colère que je discernait sans mal dans ses yeux. Chose que je ne compris pas.

« Je t'interdis de m'appeler comme ça !!! » criât-elle, furieuse avant de me balancer à la figure les scones qui, trop surpris, m'atteignirent sans que je n'ai le temps d'esquiver. Elle pris rapidement l'assiette qui les contenait pour me le lancer, je réussie cependant à l'intercepté avant qu'elle n'atteigne mon visage, pire, qu'elle se fracasse au sol, ce qui signifierait que je devrait nettoyer ensuite.

« Même si tout cela me convient, ne me manques pas de respect ! Plus jamais je ne veux t’entendre m'appeler de la sorte, est-ce clair ?! » poursuivit-elle avec hargne.

Je la regardais longuement. Puis j'éclatais de rire.

« Et bien, et bien, vous voilà bien colérique maitresse, mais si c'est ce que vous souhaitez, je m'y plierais et si je vous aient manqué de respect, je m'en excuse, ce n'étais pas mon but ~ Mais cependant, je vous trouve bien successible pour si peu ~ » ricana-t-il.

Ni énervé, ni désolé, ce démon semblait tout bonnement s'amuser et si il l'exaspérait encore plus par ces mots, cela le ravissait. Bien au contraire, il semblait satisfait face à la réaction de sa contractante. Après tout, ce n'était pas si étonnant quand on connait sa nature*.

Je repris cependant un sourire aimable, la sortir de ses gongs était certes jouissif mais il serait dommage que cette fois-ci il ne rattrape pas le couvert...
Ramassant délicatement les scones qui étaient à terre et dorénavant immangeables, ils les déposa dans l'assiette avant de se redresser et de pencher la tête, son sourire hypocrite de parfait majordome étant revenue avec une rapidité étonnante.

« Alàlà, moi qui avait pris soin de les préparer comme il faut...Enfin... » dit-il en recroisant le regard de la demoiselle aux longs cheveux blanc, avant de poursuivre:


*Encore aujourd'hui, je cherche à « caser » Chrome dans une classe de démon xD L'état de « diablotin » s'en rapproche le plus, étant donné que c'est un démon farceur et espiègle, mais je ne suis pas convaincue...Donc j'ai manier la phrase comme j'ai pu !

Pour la dernière phrase du démon, c'est une grande preuve de soumission, lui qui n'aime pas se faire marcher sur les pieds par les humains...Mais par ces paroles il exprime sont allégeance !

(je mettrais en italique quand je passerais à la troisième personne du singulier, je sais qu'on doit pas mélanger, mais des fois, ça m'est utile ><)