Dans l’esprit de Michael, il était certain que les docks finiraient tôt ou tard à devenir le théâtre d’un massacre sans nom. Les marins étaient toujours prostrés devant lui, à quelques mètres. À croire qu’ils le croyaient tout simplement incapable de faire le moindre mal. D’ailleurs, à en croire le démon, lui aussi le pensait sans doute irréprochable. C’était assez idiot de sa part. Comment pourrait-on croire qu’un homme s’arme sans pour autant qu’il soit certain de pouvoir s’en servir. Quand il lui parla de chérubin, il comprit sans doute que Michael n’était qu’un novice le domaine des anges. Certes, il ne l’était que depuis un an, mais il ne se considérait pas comme un membre du « royaume du Ciel ». Il était étranger à tout ce système et cette hiérarchie. Alors à savoir quant à quel rang il devait appartenir, c’était le cadet de ses soucis. Surtout dans un moment pareil. Il décida de ne pas répondre. Michael savait que le démon pensait de lui qu’il était, de toute manière, incapable de tuer ... et il était certain qu’il pouvait le tester. Il ne savait rien de son but ... comme il ne savait rien de ce qu’il était capable de faire, ni de ce qu’il avait déjà fait.
Michael regarda froidement les matelots, qui eux commençaient à refaire des pas vers lui. Quand enfin, il entendit la voix du Mal en personne, murmurer dans son oreille. Il lui ordonnait de tuer, avant que ne le fasse, et qu’il s’en prenne à leur famille.
Le démon pensait sans doute l’avoir entre les mains, savoir tirer les ficelles pour mieux manipuler l’ange qu’il était. En lui donnant un ultimatum, il oubliait néanmoins pas mal d’éléments qui auraient pu être en sa possession s’il avait pris le temps de bien analyser la situation. Michael était coursé par ces marins uniquement parce qu’on l’avait accusé à tort d’avoir tué le capitaine sur le navire. Des hommes courant vers l’homme qu’on désigne du doigt, sans même essayer de chercher à savoir la vérité. La présomption d’innocence n’existe pas avec ces gens. Sans compter que s’ils avaient la chance de le rattraper, il savait très bien quel serait son sort : torture, et mort. Ils donneraient la mort pour vengeance aveugle... pour Michael, c’était un crime qui mérite d’être puni. Il avait vite fait son choix. Les familles innocentes ne devaient pas être des dommages collatéraux des choix des pères corrompus et aveuglés.
Il décida alors de passer à l’action. Il abandonna rapidement l’idée de se servir de son arme à feu, trop peu silencieuse à son goût. Il s’élança, scalpel à la main, courant vers les hommes avec une telle rapidité qu’ils n’eurent pas le temps de comprendre ce qu’il leur arrivait. Il leur trancha à tous les cinq la gorge, sans qu’ils n’eurent eu le temps de crier ... le sang coula sur le sol, en même temps que leur corps. Rapidement, Michael s’arrêta, haletant. Il n’avait pas eu l’impression d’obéir à qui que ce soit. Si ce n’était lui-même ...
« Ces hommes étaient loin d’être des saints ... » soupira-t-il comme pour lui-même. Pourtant, il n’avait guère envie de trainer dans le coin, ni avec ces cadavres, ni avec un démon ... il s’agissait à présent de s’en débarrasser au plus vite. Il avait fait ce qu’il allait faire de toute manière, que le démon soit là ou pas. Il était maître de son destin. Quoi qu’il lui dise, il ne changerait pas d’avis sur ce qu’il venait de se passer.
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Michael s’apprêtait déjà s’élancer sur le quai pour pouvoir échapper à ses poursuivants. Avec un peu de chance, ils seraient trop empâtés pour pouvoir réellement le rattraper. Et puis, il ne voyait pas qui il ne pourrait pas distancer sur ce bateau. Et justement, l’ange ne pensait pas un instant que la menace pouvait se faire une fois sur le quai, une fois hors du bateau. Mais il s’en rendit pourtant compte très rapidement.
« Un ange prenant la fuite comme un voleur… atypique. »
Devant lui se tenait un être dont il comprit aussitôt la nature et il se demanda même dans l’instant comment il avait fait pour omettre une telle présence. Il aurait dû le sentir. Ou était-ce parce qu’il n’était qu’un néophyte comparé à lui. Michael avait encore bien du mal à maîtriser ses nouveaux sens, et il savait que ce « léger » détail pouvait lui faire défaut. Cela voulait dont signifier que le démon qui se trouvait en face de lui était beaucoup plus expert que lui, ce dont il ne doutait pas une seule seconde. Et puis, les démons étaient réputés pour être des êtres très rusés.
Le démon cachait ses yeux avec son chapeau haut-de-forme et sa main qui tenait ce dernier. Michael trouva ce geste dispensable sur l’instant, mais vit aussitôt un rictus dessiné sur ses lèvres. Il se doutait que cet être voulait jouer avec lui, du moins, qu’il avait bien compris que ses poursuivants voulaient sa mort, et qu’il serait embêtait s’ils arrivaient à le rattraper. C’était sans doute cela qu’il voulait…
« Un démon qui s’intéresse au sort des autres… oh, attendez, ça existe : juste quand la personne est son prochain repas. Tire-toi … » ,lança-t-il froidement, le regardant avec beaucoup de méfiance. Michael n’avait pas croisé beaucoup de démons jusqu’à présent. En fait, il ne pensait pas en avoir déjà rencontré pour tout dire … ou alors était-ce dans une autre vie … une vie plus … sa vision commençait à se brouiller légèrement et il entendit derrière lui que les marins se rapprochaient méchamment. Ce n’était pas le moment de traîner, s’il ne voulait pas faire plaisir au démon, dont il ne savait pas encore le but. Et il avait du mal à s’en faire une idée. Il savait simplement que la raison de sa présence n’était pas louable dans tous les cas.
« Si tu veux t’occuper d’eux, ça me ferait très plaisir … sauf que je ne crois pas que tu comprennes ‘faire plaisir’ dans cette phrase … », lança à nouveau Michael, avant se retourner et faire face aux marins qui s’élançaient vers lui en criant. Il était trop tard à présent. Ils étaient cinq, tout au plus, et ce n’est pas un chiffre pareil qui pouvait l’effrayer. Il tira rapidement de sa poche intérieure un scalpel, volé lors d’une de ses visites à St Thomas’ Hospital, il y a jadis, avant même de devenir un ange.
Dans un simple coup d’œil vers eux, il savait automatiquement où les touchers. Le souci, c'est qu'avec une seule arme, cela engagé un corps-à-corps… et il n'avait pas tellement envie. Si l'autre était encore dans son dos, Michael n'en restait pas moins très attentif. Il s'attendait à ce que le démon fasse quelque chose … mais il attendit. Attendit l'instant de non-retour, ou il serait obligé de tuer les marins ...
Et il eut le réflexe, en dernier recours et pour éviter de trop se montrer comme un démon capable de chose sanglante, de sortir son revolver, et de le montrer bien visiblement aux marins ... qui se stoppèrent aussitôt, en le regardant hagard et hésitants. C'était à prévoir quand un homme tiens une arme à feu ... cette fois, les choses sont vraiment sérieuses. Surtout quand c'est des humains qui sont en joue ...
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Les lettres en capitales « Butlers Wharf » sur la façade d’un grand bâtiment semblaient vouloir se détacher du fond blanc, sur la rive droite de la Tamise, alors qu’un bateau marchand semblant vouloir accoster, en lançant déjà les amarres sur le quai. Non loin de là, le Tower Bridge encore en construction et la Tour de Londres, bâtiments importants du capital, voulaient les accueillir d’un air menaçant. Le temps n’était pas au beau fixe, et l’équipage avait traversé une nuit de tempête. Les nuages gris et menaçants avaient disparu, mais une légère humidité était palpable dans l’air. The Sulky, transportant sa cargaison jusqu’au quai jeta l’ancre rapidement, dans le silence le plus total. Seule la carlingue grinçait méchamment.
Tout semblait d’apparence calme et paisible sur le pont du navire, les matelots expérimentés comme novices occupés à faire leurs manœuvres sous les ordres de leur capitaine. Une fois bord à bord, contre le quai, ce dernier décida de descendre dans la salle des machines, et d’au moins informer ses hommes qu’ils étaient arrivés à bon port. C’est qu’il leur fallait encore de la main d’œuvre pour décharger les cargaisons. Sauf qu’une fois dans cette cale, remplie de vapeur, il ne trouva plus un seul de ses hommes. Il faisait sombre par endroit, et appela dans le vide, pour voir si quelqu’un lui répondait. En regardant les portes de sécurité en fer se fermer, il commença à paniquer.
Pour un autre être, c’était assez amusant à regarder. Sur une rambarde, non loin au-dessus du capitaine, Michael l’observait s’énerver et taper contre la porte, comme un rat piégé dans une boîte. Il passa une main sur son manteau noir, avant de venir descendre pour le rejoindre.
« Alors ? Ça vous fait quoi d’être la proie pour une fois, capitaine ? » Michael se pencha dans son dos, avant de sortir agilement une lame et de la glisser contre la gorge du malheureux. Il rit un peu de le sentir trembler, mais il n’en oublia pas moins son objectif. Il le fit agenouiller d’ailleurs, gardant sa lame contre lui, prêt à frapper à tout moment.
« Qu’est-ce … que … qu’est-ce que vous me voulez ?! Qu’est-ce que j’ai fait de mal ! », demanda le capitaine, comme dans un dernier recours. Il pensait sans aucun doute que cela allait retarder son exécution, voire l’annuler. C’était encore plus sot, du point de vu de Michael, d’essayer de la jouer finement avec lui.
« Oh … vous avez la mémoire courte à ce que je vois. Vous avez profité de la tempête pour balancer un de vos hommes à l’eau … vous estimez toujours que ce n’était pas quelque chose de mal ? », expliqua doucement Michael, le sourire venant rapidement sur ses lèvres tout de même.
« Ce …. Ce n’était pas un homme bien ! Il volait dans mes cargaisons ! », et pourtant il sentit à nouveau la lame contre sa nuque, Michael venant s’abaisser derrière lui. « Et ça te donne le droit de prendre sa vie ? Pourriture… » Il lui donna un coup de lame contre sa joue, voyant par la suite le sang couler sur le sol. Il rit brièvement, avant de le laisser s’exprimer à nouveau, et de se relever.
« Vous …. Vous êtes qui … pour prendre la mienne ! », s’exclama-t-il pendant que Michael pouvait voir la peur dans ses yeux. Il regarda alternativement sa joue, qu’il tenait dans sa main pour empêcher trop son sang de couler, et le feu d’une des machines sur le côté. C’était sans doute un véritable four de ce côté … et c’était sans doute l’une des raisons pour laquelle le capitaine commençait à suer. Ou alors était-ce la panique …
« Moi ? Oh, je ne suis personne … »,et il afficha un sourire innocent, « … et puis, ce n’est pas vraiment moi qui vais prendre votre vie. Ce n’est pas vraiment mes affaires après tout, n’est-ce pas ?». Il regarda l’air étonné de l’homme en face de lui, avant qu’il vienne hausser les épaules, et ne laisse l’homme derrière lui, qu’il avait sauvé de la noyade, l’homme que le capitaine avait essayé de tuer, d’accomplir ce qu’ils voulaient tous les deux. Après tout, c’était mieux d’assister à une vengeance, que de lui-même accomplir un meurtre.
C’était sans doute ce qu’il pensait sur le moment, mais quand le rescapé eut fini, il s’aperçut bien vite qu’il s’était fait avoir comme un bleu. Rouvrant la porte qui les condamnait, il fit donner l’alarme, l’accusant aux yeux des autres d’être le meurtrier qui avait tué leur capitaine. Lui qui était venu clandestinement sur le bateau pour rentrer à Londres incognito … c’était encore une mission de ratée …
C’est bien entendu sans hésiter qu’il sortit sur le pont, troussé par une bande de marins baraqués, criant au bon Dieu qu’il le coincerait un moment ou à un autre. Instinctivement, Michael ne put que sourire, et en profita pour monter sur le bastingage puis de venir sauter à pied joint, atterrissant sur le quai, sans prêter plus d’attention sur les personnes qui pouvaient s’y trouver. Il savait bien évidemment qu’il était temps de prendre ses jambes à son cou, et si ça n’avait été que lui, il aurait décimé tout l’équipage … mais il était inutile d’attirer trop l’attention pour le moment…
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